LE POTENTIEL DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
(Extrait du texte paru dans la revue Reflets de décembre 2024)
AVANTAGES ET DÉRAPAGES
Par Solange Lévesque
Voici le résumé d’un texte rédigé par M. Mario Bélanger, qu’il a tiré d’une conférence prononcée par Mme Loubna Benabbou lors d’un déjeuner de l’AQRP du secteur Rimouski-Mitis. Cette dernière est professeure au Département des sciences de la gestion à l’UQAR, Campus de Lévis, et titulaire de la Chaire de recherche en intelligence artificielle pour des chaînes d’approvisionnement numériques, résilientes, agiles et durables.
Les outils qui ont recours à l’intelligence artificielle (IA) impressionnent par leur immense puissance, notamment ChatGPT, désormais accessible au grand public. Autant nous pouvons être ravis par les avantages sociaux et économiques que l’IA pourrait nous procurer, autant nous devenons inquiets par les excès qu’elle peut générer.
La conférencière a d’abord expliqué que l’IA n’est pas un phénomène nouveau. Il se fait de la recherche dans ce domaine depuis les années 1950. Son but est de mieux comprendre la façon dont les humains raisonnent et accumulent des données qui permettent, à long terme, de prendre des décisions éclairées, entre autres, en se basant sur l’expérience du passé. Selon Marvin Minsky, scientifique américain qui a travaillé dans le domaine des sciences cognitives et de l’intelligence artificielle, l’IA est « l’ensemble des théories et techniques mises en œuvre pour réaliser des machines dont le fonctionnement s’apparente à celui du cerveau humain ».
Les premières applications de l’IA datent des années 1960. Bien que moins évoluées techniquement que celles d’aujourd’hui, elles étaient déjà utilisées pour la lecture automatique de documents, le jeu d’échecs, les premières tentatives de traduction automatique et, par la suite, des applications en robotique. Au cours des dernières années, le potentiel de l’IA a pris une expansion phénoménale grâce entre autres à la création de gigantesques banques de données dans différents domaines. La multiplication de ces données par des ordinateurs capables de calculs, de détection et d’échanges à grande vitesse a rendu le traitement et le recoupage d’informations beaucoup plus abordable.
Les données accumulées depuis plusieurs années, conjuguées à l’augmentation des capacités de calcul, permettent de construire des modèles de plus en plus précis. Cela a contribué au succès de l’application de la branche connexionniste de l’IA, à savoir l’apprentissage automatique. On pourrait définir ce dernier comme étant une tentative, dans les systèmes artificiels, de comprendre et de reproduire l’habileté humaine à s’adapter à partir d’expériences passées.
Le modèle d’affaires de grandes organisations comme Google ou Amazon est basé principalement sur l’intelligence artificielle. D’ailleurs, l’IA a déjà une forte présence dans nos loisirs et achats : pensons aux propositions de livres, de spectacles, de films, de vêtements ou de voyages que nous recevons en fonction de nos achats antérieurs. Les systèmes de traduction automatisée en plusieurs langues font aussi partie de cet environnement.
ChatGPT
Décembre 2022 a marqué un jalon important dans le développement de l’IA générative, alors que ChatGPT (parrainé par OpenAI) a été rendu accessible au grand public. Ce système génère du contenu qui ressemble à celui que pourrait produire le cerveau d’un humain grâce à sa capacité d’apprendre et de s’adapter. Un individu pose une question à la machine et le système lui fait des « propositions » en tenant compte des connaissances accumulées. Plus le système possède de connaissances sur une question particulière, plus la réponse a des chances d’être juste. La machine sollicite aussi le « degré de satisfaction » des utilisateurs envers les réponses fournies, ce qui l’aidera ensuite à s’adapter et à devenir de plus en plus performante.
Domaines d’intervention
Selon la professeure Benabbou, les domaines d’intervention de l’IA sont nombreux, et comprennent par exemple la finance (gestion de placements, gestion de risques), les assurances, le transport, la médecine (diagnostics, chirurgies assistées par ordinateur), la recherche (découverte de nouvelles molécules), le secteur manufacturier (gestion des activités) et l’éducation (aide aux travaux, parcours pédagogique à suivre).
Dérapages
L’intelligence artificielle a aussi un côté très sombre. On ne peut le nier : les risques de diffuser des informations trompeuses, de créer des interventions subversives, de plagier des travaux, d’aider à bricoler des engins explosifs, tout ça fait partie des potentialités néfastes de l’IA. On sent déjà toute la confusion qui peut s’amplifier entre la réalité et la fiction… Et c’est inquiétant ! Tout comme la perte d’emplois dans plusieurs domaines ou l’accès frauduleux à des données personnelles.
Voici, en conclusion, un commentaire critique de l’intellectuel américain Noam Chomsky à propos de l’intelligence artificielle : « L’esprit humain n’est pas, comme ChatGPT et ses semblables, une machine maladroite de reconnaissance de structures statistiques qui avale des centaines de téraoctets de données et extrapole la réponse la plus plausible à une conversation ou la réponse la plus probable à une question scientifique. Au contraire, l’esprit humain est un système étonnamment efficace et élégant qui fonctionne avec une quantité limitée d’informations. Il ne cherche pas à déduire des corrélations brutes des données, mais à créer des explications. »
JOYEUX NOËL ET BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2025 !