Chambardements en santé : les aînés ignorés

11 mai 2016

- L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) a entamé aujourd'hui, à Saguenay, une tournée médiatique du Québec qui a pour thème : « Chambardements en santé : les aînés ignorés ».

« Depuis deux ans, on constate que les chambardements imposés dans le monde de la santé se sont faits sans tenir compte de près ou de loin des besoins des aînés », a déclaré Donald Tremblay, président de l'AQRP. « Qu'est-ce que le brassage de structures du ministre de la Santé a donné aux aînés du Québec ? Est-ce que le temps d'attente pour se faire opérer a diminué ? Non. Est-ce que l'accès à un médecin est plus facile ? Non plus. », déclare M. Tremblay qui constate qu'entre 2009 à 2015, la rémunération des médecins a augmenté de 50 % sans que cela améliore l'accessibilité aux soins.

« Le ministre de la Santé a créé des monstres, les CISSS et les CIUSSS, qui sont beaucoup trop gros pour qu'il y ait une gestion efficace des ressources. », affirme le porte-parole de l'AQRP pour les régions du Saguenay et du Lac-Saint-Jean, Yves Fortin, ex-directeur général de CSSS. Quels sont les réels objectifs de cette réforme qui n'a donné aucun résultat tangible pour la population du Québec ? Elle est en fait une gigantesque opération de centralisation qui n'a fait qu'un gagnant, le ministre.

Maintien à domicile : le Québec manque le bateau

Alors que tous les experts s'entendent pour dire qu'une société vieillissante comme celle du Québec devrait investir massivement dans le maintien à domicile des aînés en perte d'autonomie, le gouvernement se contente de dire qu'il n'a pas d'argent. « Maintenir plus longtemps les aînés à domicile, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement. », dit M. Tremblay qui ajoute que le gouvernement n'a rien fait depuis deux ans malgré son engagement à prioriser ce poste budgétaire lors de la campagne électorale.

Une réforme chaotique qui n'a donné aucun résultat concret

« L'accès au service de première ligne est de plus en plus difficile alors qu'un québécois sur quatre n'a toujours pas de médecin de famille malgré les augmentations salariales faramineuses octroyées au corps médical. Pire, le ministre refuse de reconnaître les compétences des autres professionnels de la santé qui pourraient pallier au manque de disponibilité des médecins de façon significative. Alors qu'en Ontario vingt-cinq cliniques sont opérées par des infirmières praticiennes, le ministre Barrette ferme la seule clinique de ce genre au Québec. Le démantèlement des CLSC au profit de la création des super-cliniques n'augure rien de positif puisqu'il s'agit de bonifier les GMF qui historiquement n'ont pas souvent répondu aux exigences contractuelles les liant au réseau en matière d'accessibilité. », dénonce M. Fortin.

Pourquoi rejeter les évaluations objectives ?

L'AQRP se demande aussi pourquoi le ministre de la Santé rejette toute évaluation impartiale de sa réforme, notamment en abolissant le Commissaire à la santé et au bien-être et en ne jugeant pas nécessaire une intervention de la Vérificatrice générale. « Si tout va bien comme le ministre le dit, pourquoi refuse-t-il qu'on se penche sur les changements opérés depuis deux ans ? Il me semble qu'au contraire, il devrait être heureux qu'une évaluation objective démontre qu'il a fait du bon travail », lance Donald Tremblay.

Pour une véritable abolition des frais accessoires

L'AQRP réagit favorablement au virage à 180 degrés du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui, après avoir mené une véritable bataille législative à l'automne pour légaliser les frais accessoires, a subitement annoncé la semaine dernière qu'ils seraient abolis. L'AQRP considère cependant que deux conditions doivent être respectées pour qu'il y ait une véritable abolition :

1. Que la loi québécoise soit modifiée afin d'abroger les articles légalisant les frais accessoires qui ont été introduits dans le projet de loi 20 l'automne dernier. Le ministre ne s'est pas encore prononcé à ce sujet.

2. Que les sommes nécessaires pour compenser l'interdiction des frais accessoires doivent être puisées à même l'enveloppe de rémunération actuelle des médecins. Sur ce point, le ministre est demeuré vague en disant qu'il n'était pas question « pour l'instant » de dédommager les médecins. Ce manque de clarté du ministre inquiète l'AQRP.

AQRP
Fondée en 1968, l'AQRP représente les retraité(e)s des secteurs public et parapublic du Québec. Elle a pour mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts économiques, financiers, culturels, intellectuels et sociaux des retraités de l'État et des aînés du Québec. Elle compte 31 000 membres.

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