Chambardements en santé : les aînés ignorés

30 mai 2016

- L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) a poursuivi aujourd'hui, à Gatineau, sa tournée médiatique du Québec qui a pour thème : « Chambardements en santé : les aînés ignorés ».

« Depuis deux ans, on constate que les chambardements imposés dans le monde de la santé se sont faits sans tenir compte de près ou de loin des besoins des aînés », a déclaré Donald Tremblay, président de l'AQRP. « Qu'est-ce que le brassage de structures du ministre de la Santé a donné aux aînés du Québec ? Est-ce que l'accès à un médecin est plus facile ? Absolument pas, et ce, malgré qu'entre 2009 à 2015, la rémunération des médecins ait augmenté de 50 %. », a déclaré M. Tremblay.

Un bain par semaine, c'est de la maltraitance

L'AQRP dénonce depuis des années le fait que les aînés du Québec n'aient le droit qu'à un bain par semaine dans les CHSLD. « On vit dans une société qui n'est pas capable d'assurer plus d'un bain par semaine à ses ainés les plus vulnérables. C'est indécent! », a affirmé Donald Tremblay. L'AQRP exige du ministre de la Santé qu'il établisse une norme québécoise qui obligerait les CHSLD à donner au moins deux bains complets par semaine. « C'est un minimum pour maintenir une certaine décence ! », a-t-il ajouté.

« Alors que la ministre responsable des Aînés, Mme Francine Charbonneau, travaille sur un nouveau plan visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés, on constate que les conditions de vie ne s'améliorent pas dans les CHSLD. », a affirmé Sylvie-Anne Gaudreau. L'AQRP croit que le défi actuel n'est pas de trouver des solutions pour lutter contre la maltraitance et pour favoriser la bientraitance, mais bien d'en faire de véritables priorités en y consacrant les ressources nécessaires, notamment dans les CHSLD. « Charité bien ordonnée commence par soi-même. C'est ce que nous lançons comme message au gouvernement », a ajouté Mme Gaudreau.

L'accessibilité à un médecin : toujours aussi difficile

« L'accès au service de première ligne est de plus en plus difficile alors qu'un québécois sur quatre n'a toujours pas de médecin de famille. Pire, le ministre de la Santé refuse de reconnaître les compétences des autres professionnels de la santé qui pourraient pallier au manque de disponibilité des médecins de façon significative. Alors qu'en Ontario, vingt-cinq cliniques sont opérées par des infirmières praticiennes, le ministre Barrette ferme la seule clinique de ce genre au Québec. Le démantèlement des CLSC au profit de la création des super-cliniques n'augure rien de positif puisqu'il s'agit de bonifier les GMF, qui historiquement n'ont pas souvent répondu aux exigences contractuelles les liant au réseau en matière d'accessibilité. », a dénoncé M. Tremblay.

Maintien à domicile : le Québec manque le bateau

Alors que tous les experts s'entendent pour dire qu'une société vieillissante comme celle du Québec devrait investir massivement dans le maintien à domicile des aînés en perte d'autonomie, le gouvernement se contente de dire qu'il n'a pas d'argent. « Maintenir plus longtemps les aînés à domicile, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement. », a affirmé Donald Tremblay qui ajoute que l'on attend toujours que le gouvernement actuel respecte son engagement électoral de réinvestir dans ce poste budgétaire.

Les frais accessoires doivent être réellement abolis

L'AQRP réagit favorablement au virage à 180 degrés du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui, après avoir mené une véritable bataille législative à l'automne pour légaliser les frais accessoires, a subitement annoncé leur abolition. L'AQRP considère cependant que deux conditions doivent être respectées pour qu'il y ait une véritable abolition :

  1. Que la loi québécoise soit modifiée afin d'abroger les articles légalisant les frais accessoires qui ont été introduits dans le projet de loi 20, l'automne dernier. À cet effet, nous croyons que le gouvernement devrait appeler le projet de loi 691 présenté hier par la députée de Taillon, Diane Lamarre, qui interdit les frais accessoires. « Si le ministre veut vraiment aller de l'avant, pourquoi le gouvernement refuserait d'appeler ce projet de loi ? », affirme Donald Tremblay.
  2. Que les sommes nécessaires pour compenser l'interdiction des frais accessoires doivent être puisées à même l'enveloppe de rémunération actuelle des médecins. Sur ce point, le ministre est demeuré vague en disant qu'il n'était pas question « pour l'instant » de dédommager les médecins. Ce manque de clarté inquiète l'AQRP.

L'assourdissant silence du premier ministre Philippe Couillard

Face aux chambardements en santé, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, est remarquablement silencieux. « Est-ce que le premier ministre est d'accord avec la réforme de son ministre de la Santé qui, pour beaucoup, consiste à revoir les changements qu'il avait lui-même apportés au réseau de la santé dans les années 2000 ? Le premier ministre ne peut pas continuer à se laver les mains de ce qui se passe en santé. Nous demandons son intervention ! », a terminé, Donald Tremblay.

AQRP
Fondée en 1968, l'AQRP représente les retraité(e)s des secteurs public et parapublic du Québec. Elle a pour mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts économiques, financiers, culturels, intellectuels et sociaux des retraités de l'État et des aînés du Québec. Elle compte 31 000 membres.

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