Le gouvernement de Philippe Couillard : déjà deux ans au pouvoir
11 avril 2016
- Il y a deux ans déjà, le 7 avril 2014, les Québécois élisaient un gouvernement majoritaire du Parti libéral du Québec.
Portrait des principaux engagements pris par le PLQ pour les aînés au cours de la campagne électorale du printemps 2014
1. La création d'un ministère dédié aux personnes aînées
Mme Francine Charbonneau a comme principal dossier celui des « aînés » depuis peu. Il n'y a toutefois pas de ministère des Aînés. Il existe plutôt un Secrétariat aux aînés qui est rattaché au ministère de la Famille.
2. Adoption d'une loi visant à obliger le signalement des actes de maltraitance commis à l'endroit des personnes vulnérables hébergées dans le réseau de la santé et des services sociaux
Le gouvernement n'a pas encore présenté de projet de loi en ce sens. Le cabinet de la ministre Francine Charbonneau maintient qu'il s'agit toujours d'un engagement. Certains signaux indiquent qu'un projet de loi est en chantier à l'heure actuelle.
3. Le maintien du nombre de places disponibles en centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et intensification des inspections
Considérant le vieillissement de la population québécoise, il faut maintenir le nombre de places dans les CHSLD. Plusieurs questions inquiétantes se posent toutefois quant aux conditions de vie des personnes hébergées, notamment en ce qui a trait à l'hygiène ou à la qualité des repas. Au printemps 2015, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a annoncé une hausse importante de la tarification dans les CHSLD pour ensuite se raviser à la suite du tollé soulevé. Espérons qu'il ne changera pas d'avis une autre fois.
4. Dépôt d'un projet de loi visant à baliser l'éviction des personnes aînées locataires
Aucun projet de loi à ce sujet n'a été déposé par le gouvernement jusqu'à présent. La députée de Québec solidaire, Françoise David, a cependant présenté le projet de loi no 492, Loi modifiant le Code civil afin de protéger les droits des locataires aînés. Ce dernier a fait l'objet de consultations en septembre 2015. Il n'a pas cheminé davantage depuis ce temps.
Régimes de retraite : les droits des retraités sont bafoués
Force est de constater que l'attitude du gouvernement face aux retraités dans le dossier des régimes de retraite peut se résumer en une expression très simple : l'absence d'écoute.
Pour des raisons stratégiques, le gouvernement a bafoué les droits de retraités en changeant les règles du jeu pour permettre la rupture de contrats dûment signés de gré à gré liant des employés (incluant les ex-syndiqués maintenant à la retraite) et les employeurs; ce qui est inacceptable dans une société de droit où les entités et les individus doivent respecter leurs engagements contractuels. Le gouvernement a procédé ainsi dans le secteur municipal et dans les universités. Dans les deux cas, les retraités n'ont tout simplement pas été impliqués dans le processus.
La situation ne semble pas être en voie de s'améliorer alors que le gouvernement a confirmé son intention de modifier la loi afin de permettre aux villes de décréter les conditions de travail de ses employés. L'AQRP craint que cela concerne également les régimes de retraite des retraités actuels.
La santé : une tangente inquiétante
Principalement avec le projet de loi no 10, le gouvernement a procédé à une centralisation des pouvoirs dans le réseau de santé qui n'a bénéficié qu'à une personne : le ministre de la Santé et des Services sociaux. De plus, il a aboli le poste de la personne indépendante chargée d'évaluer la pertinence des politiques en santé : le Commissaire à la santé et au bien-être. L'AQRP et plusieurs autres associations craignent que la vision « hospitalo-centriste » qui a été imposée nuise aux autres missions du réseau comme la santé publique et la santé mentale.
Autre dossier problématique : le transfert d'une partie importante des activités et des ressources des CLSC (travailleurs sociaux, inhalothérapeutes, etc.) vers les Groupes de médecine de famille (GMF). Ce glissement des ressources le long de la « première ligne » du public vers le privé est très préoccupant. Si les GMF sont financés par la RAMQ, ils sont gérés par des médecins en fonction de leurs intérêts. Est-ce une décision d'un médecin pour les médecins ?
L'AQRP a également vertement dénoncé la légalisation des frais accessoires. Parce qu'ils utilisent naturellement davantage le réseau de la santé, les aînés sont particulièrement frappés par cette tarification approuvée par le gouvernement Couillard. Est-ce que le gouvernement réalise que les frais accessoires sont absorbés en bonne partie par les aînés du Québec ? Imposer cette « taxe santé aînée » est d'autant plus scandaleux puisque la rémunération des médecins du Québec s'est accrue de 47 % depuis 5 ans pour s'établir à 7 milliards de dollars en 2015 et que le Vérificateur général du Québec a déterminé que le Québec avait versé 800 millions de dollars en plus aux médecins.
Bref, en santé, le gouvernement se distingue de trois façons inquiétantes :
1. Un ministre qui refuse la critique et qui s'arroge tous les pouvoirs;
2. Des décisions qui sont prises par des médecins pour des médecins;
3. Un fort penchant pour la privatisation.
En conclusion, l'AQRP espère que le gouvernement sera plus sensible aux enjeux concernant les aînés au cours des prochains mois et années. Chose certaine, elle continuera d'accomplir sa mission de défense des intérêts économiques et des droits sociaux des retraités du Québec.