Budget 2014-2015 : beaucoup de bruit pour rien
1 janvier 2014
L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) est très déçue du peu d'égard de la part du gouvernement quant à la nécessité de mettre en place des mesures visant à favoriser la santé financière, la sécurité et l'amélioration des conditions de vie des personnes aînées. À la lumière de ce qui a été annoncé, il est difficile de se reconnaître dans un budget qui ne va pas au cœur de nos préoccupations. En bref, beaucoup d'interrogations et d'incertitudes, mais peu de réponses.
Santé financière des aînés
Très peu de détails ont été fournis quant à l'avenir de la retraite, malgré toute l'importance accordée à ce dossier au cours de la dernière année. De plus, en annonçant ses intentions de conclure une entente en 2015 avec les employés du secteur public en s'appuyant sur les principes de « capacité de payer des contribuables » et de « rémunération responsable », le gouvernement suscite de vives inquiétudes chez les retraités de l'État. Cette orientation fait craindre que les retraités, qui ne sont pas représentés de manière significative dans ces discussions, soient sacrifiés sur l'autel du court terme. Le gouvernement, même s'il a récemment déclaré dans son plan d'action vouloir protéger la rente des retraités, a depuis changé son fusil d'épaule en se montrant ouvert au partage des déficits passés. Cette situation pourrait s'avérer très problématique pour les retraités, dont plusieurs peinent déjà à joindre les deux bouts.
De plus, aucune mesure n'a été présentée pour 2014-2015 afin d'inciter le maintien au travail pour les personnes âgées de 65 ans et plus, ni pour favoriser la santé financière des aînés.
Financement des soins de santé
L'un des aspects centraux du budget concerne les conclusions du rapport du Groupe d'experts pour un financement axé sur les patients qui propose l'adoption d'un nouveau mode de financement des services et soins de santé axé sur les « meilleures pratiques ». À ce jour, le gouvernement s'est dit intéressé à adopter les recommandations du Groupe, malgré le fait que très peu de détails ont été fournis sur le processus qui mènera à établir ce nouveau cadre de prestation de soins et sur les modifications au panier de services que cela impliquera. Même si l'AQRP croit que des améliorations peuvent être apportées aux modalités de financement du réseau afin de le rendre plus efficace, il importe de rester vigilant devant le paradoxe potentiel entre les économies budgétaires projetées et le développement réel des soins et des services octroyés à la population.
Les années et l'expérience ont souvent démontré que le souci d'efficacité ne rime pas nécessairement avec une humanisation des soins de santé. Qu'est-ce qui sera jugé comme une offre de service « appropriée » ? Comment expliquer à un patient que les soins qui devraient lui être octroyés sont jugés comme « non souhaitables » ? Les risques d'effets pervers possiblement liés à cette philosophie sont très préoccupants. Nous demeurerons attentifs à ce sujet.
Sécurité et qualité de vie des aînés
À la suite de la réflexion collective entamée au lendemain de la terrible tragédie de l'Isle-Verte, l'AQRP peine à comprendre pourquoi aucun programme de mise à niveau des infrastructures pour les résidences privées et autres ressources d'hébergement pour personnes aînées n'ait été annoncé dans le Plan québécois des infrastructures pour la période 2013-2023.
Malheureusement, malgré tous les efforts des associations et des regroupements d'aînés pour faire entendre leur voix au cours de la dernière année, le gouvernement n'a pas été en mesure de proposer une vision globale et ponctuelle des gestes à poser afin d'éviter que la sécurité et la qualité de vie des aînés soient mises en péril. Ce budget est malheureusement un autre rendez-vous manqué.
La prochaine campagne électorale sera tout indiquée pour demander aux différents partis politiques de s'engager à faire de l'avenir du Québec un projet pour tous.